FAITES DE LA MUSIQUE

Pendant que Chamousset city se prépare à un bal populaire sous le regard ahuri des vaches et mes fenêtres, j'embarque à bord de ma mini voiture mon petit dernier (15 ans) et trois de ses copains direction la fête de la musique à Chambéry.

Quelques trente kilomètres autoroutiers plus loin, impossible de se garer. La police municipale veille au grain et il y a des barrières partout. Qu'importe, je me loge n'importe où, coinçant une autre voiture qui aura besoin d'un palan pour sortir de sa place avant moi. M'en fout c'est un 38, l'a rien à faire chez moi !

La bande de mâles à jambes poilues mais sans poils au menton s'égaye aussitôt extirpée de l'auto, attirée comme des papillons vers les flots de musique qui jaillissent d'un peu partout.

Je les suis à distance (pas leur coller la honte) avant de les perdre tout à fait. Pas grave c'est pas moi qui les ramène !

Espace Malraux, le heavy metal bat son plein. Slayer, Panthéra... Pas ma tasse de thé, je dégage plus loin.

Rue Croix d'or une chanteuse solitaire "accompagnée" par un orchestre sur bande tente vainement de faire concurrence à un tribute to Metallica. Je la laisse sans état d'âme se débattre avec Dalida et Patrick Fiori et me pose devant les fans de mon groupe préféré. Bien sûr le chanteur n'a rien de James Hetfield et le guitariste n'est pas Kurk Hamett mais ils touchent leur bille et je me régale. Un maigre pogo se dessine autour duquel les jeunes et les moins jeunes se balancent en chantant à tue tête.

Une dizaine de chansons dont le magnifique "Nothing's matter" et le groupe laisse sa place à je ne sais qui.

Théâtre Charles Dullin, c'est du punk français qui m'accueille. Le chanteur s'égosille, la batteur cogne tant qu'il peut pendant que le guitariste se roule par terre... Ouais ! Plus d'effet de scène que de musique... Je reviendrai plus tard.

Les quatre sans cul quant à eux ont affaire à du vrai, du bon punk. Un énorme pogo s'est formé, les mains se lèvent index et auriculaires tendus, les cheveux des filles s'envolent et des rugissements montent de la foule en délire. Les applaudissements crépitent assortis de sifflets et de cris. La batterie sonne dans le creux de mon ventre. Bonheur !

Déjà 22 H !

J'ai faim. Toutes les boutiques de bouffe rapide sont ouvertes et je n'ai que l'embarras du choix. Kébab, hamburger, sandwich... C'est vers "La mie caline" que je me propulse pour un panini au chèvre et un maxi cookie avec un coca pour faire descendre le tout.

Je me brûle la langue assise dans l'herbe du parc, face à la cité des arts. Un DJ fou fait danser les ados qui semblent montés sur ressorts. Bizarre cette façon de danser en sautant sur place !

Mon sandwich à la main je regarde passer les gens. C'est drôle. Certains promènent leur chien, d'autres leurs enfants de zéro à quoi ? Dix, douze ans ? Les couples se donnent la main et les bandes de garçons reluquent les bandes de filles en rigolant trop fort. Les clochards ne se différencient plus des gens dits "normaux" que par le litron qu'ils tiennent à la main. Les canettes de bière débordent des poubelles de la ville pas assez grandes ce soir. Les personnes "d'un âge" comme on dit pudiquement, se promènent à petits pas, exhibant leurs plus beaux atours. Comme ils sont charmants ces deux petits vieux qui se soutiennent mutuellement en se frayant un chemin parmi la foule. Et cette famille posée dans l'herbe fraîche non loin de moi... les trois enfants dansent et les parents sourient de les voir.

Allons, il est temps d'aller voir plus loin ce qui se passe et je traverse le parc enjambant au passage nombre de canettes vides et papiers gras.

Devant le palais de justice c'est James Brown qui m'interpelle. Trompettes, saxo et clarinette accompagnés d'une fort jolie voix. La foule est dense ici et se balance en rythme, jeunes et vieux mêlés. Au centre du demi cercle formé par les spectateurs/acteurs, les enfants se déchaînent. Les plus petits se dandinent maladroitement. Les plus grands sautent et virevoltent. C'est la fête. La nuit est tombée mais ils sont encore dans les rues. Les bébés dorment au creux de leurs poussettes indifférents au vacarme qui les entoure. Certains comme cette petite fille aux couettes fatiguée baille en léchant sa glace qui menace de s'échapper hors du cornet. D'autres écarquillent leurs petits yeux, ébahis par la ville qu'ils ne reconnaissent pas et la foule bigarrée et bruyante qui les encercle sans leur faire peur.

Devant le lycée Vaugelas, un groupe de je ne sais trop quoi fait grimper les décibels pour le plus grand plaisir des jeunes qui dansent à s'en donner le tournis.

On est dimanche et je marche dans la ville. Quelques vapeurs de cannabis flottent de ci de là. J'aime cette odeur de miel caramélisé. Certains flottent sans doute un peu, trop de bière ou de fumette, mais je n'ai entendu la sirène des pompiers que trois fois en cinq heures.

La fête continue.

Je reprends la voiture, au grand soulagement du monsieur 38 qui attends mon départ depuis je ne sais combien de temps.

La nuit est scintillante d'étoiles dans les yeux des enfants, la lune est presque pleine et la musique, les musiques jouent encore dans mes tympans.

A Chamousset city, les lampions sont éteints et les vaches et les chamoussards sont couchés.

Assise dans ma cuisine face à la fenêtre grande ouverte, j'achève de vous raconter cette jolie soirée.

Merci Monsieur Jack Lang !

 


Découvrez Antiq Corazon de Cuba!


02/12/2008
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