RETOUR

Quand je me réveillais, la campagne n'était plus éclairée que par la pâle lueur de la lune. Mon regard inquisiteur ne pouvait aller au delà du relief inconnu formé par le rideau d'arbres qui bordait la mare. Des feuilles de nénuphar formaient des tâches sur l'eau sombre. On aurait dit des boutons géants sur une peau sale ou le négatif de flaques de pétrole sur l'océan. Les insectes, si bavards tout au long du jour, s'étaient tus, et l'écho du silence invitait au voyage.

Mais je venais de faire un long voyage et ne tenait guère à repartir de suite. Pourquoi étais je rentré d'ailleurs ?

Hier, chez moi, c'était l'été, le soleil et les nuits claires du bord de mer. En quelques heures à peine je me retrouvais plongé au coeur de l'hiver dont la splendeur me semblait bien lointaine. Même les dernières fleurs d'automne avaient rejoint la terre qu'elles commençaient déjà à ensemencer.

Qu'allais je faire ici ? Quelle mission était la mienne ?

Mes yeux s'habituant à l'obscurité, je commençais à distinguer dans la profondeur de la nuit, la vieille maçonnerie de briques. Le moulin avait depuis longtemps perdu ses ailes, mais son corps massif était toujours debout, prêt à reprendre du service.

Sa mise à la retraite datait de mon enfance, mais je me souvenais de la musique de ses bras géants brassant l'air. Je sentais comme en rêve la fraîcheur de l'ombre que son corps lourd projetait sur le pré.

C'était un crime de l'avoir abandonné et je me donnais brusquement comme mission de le remettre en état, de lui retrouver des ailes qui tourneraient doucement au gré du vent.

Mon retour dans ces contrées inhospitalières avait finalement un but, et je me rendormis, un grand sourire au coeur.

 



02/12/2008
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